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Une Chambre à Soi
7 octobre 2006

Y'a des semaines comme ça...

Y'a des semaines comme ça où rien ne va.
Ca commence par une crise de panique d'une journée, achèvement d'une longue semaine de doute sur ma capacité à pouvoir un jour participer à une conversation en anglais. "I want you to express yourself!". Je crois qu'il a pas bien saisi là ; je veux pas m'exprimer moi, je suis pas là pour raconter ma vie, enseignez-moi l'anglais, point barre! Je veux qu'on me laisse tranquille, je demande rien moi! Tout ça je suis pas capable, je suis plus capable. Je me prends la première année en pleine gueule. Je l'ai pas vue passer celle là, c'est le retour du boomerang. Et puis cette fatigue... je voudrais dormir toute ma vie et me réveiller dans 70 ans, pour rendre mon dernier souffle. Contre coup de ma première année de licence. Avoir surmonté les rencontres de copinage, la pression des cours, se démerder pour tout ; parler à des gens, profs, élèves, administration. Et contre coup de mon mois et demie de job d'été. Travail épuisant, responsabilités, "relations publiques", ne pas décevoir. C'est excitant, mais j'ai tellement pris sur moi. Sur cette putain de timidité qui ne me lâche pas, traîner ce boulet inexorablement. Timidité, complexes, où est la frontière? Tout se mélange. Je veux plus voir les gens, juste trois ou quatre à peine. Je veux plus sortir dehors, faire des efforts et prendre sur moi pour supporter que les autres me regardent. Ils se moquent tous de moi, je le vois bien! Exigence avec moi même, trop! Une auto-surveillance constante, je ne me laisse rien passer, je me juge, je me fustige, je m'auto-détruis moralement. Comme si ça ne suffisait pas des autres!
Je suis mal dans ma peau, JE SUIS MAL DANS MA PEAU !! T'as compris ou quoi?
Et puis il y a les gens qui ne sont pas là. Ou ceux qui sont là mais qui on voudrait dire des choses, dire qu'on va mal, ou des trucs vrais mais qui feraient pas plaisir, ou alors juste se confier. Et y'a ceux qui manquent tellement!
Et puis au hasard d'une salle de bibliothèque, je retrouve un type qui était avec moi au collège. Pourquoi il faut qu'il s'asseye à côté de moi, après 5ans? C'est surréaliste! J'ai rien à lui dire, je veux pas le voir. Et son copain, en face, qui laisse son numéro et une bafouille "Tu es vraiment charmante mine de rien" à ma place pendant que je pars déjeuner. Pffff, tout ça pour me proposer un plan baise. "Tu voudrais être ma fucking friend?" Déjà, non, et puis après t'avoir entendu parler, doublement non! "Je veux casser de la chatte" !!! T'es mignon mais je m'en fous, je veux plus de toi! Mais je vis où? C'est pas ça que je voulais moi! Mais comme d'habitude, j'avais senti le plan foireux. Je le savais! Je crois que c'est ma chance et puis ça tombe à l'eau. Mais je les flaire à 10,000 km les plans foireux, je me suis jamais trompée! Je vous connais trop bien les gens en fait. Avant, je croyais que personne s'intéressait à moi. C'est vrai, les autres filles autour de moi, on les trouve toujours plus! Plus intelligentes, plus drôles, et surout, plus belles! Les mecs se retournent sur elles. J'étais toujours derrière, pour soutenir, encourager, rassurer, valoriser... Tu vois comment à côté de moi on trouve qu'elle est encore plus jolie? Maintenant, c'est bien, on me remarque. Pour tirer un coup, mais c'est peut-être mieux que rien, ça peut être "flatteur". Pour moi qui n'ai jamais rien vécu, c'est mieux que mon néant. Ce qui est très probable, c'est que je vais finir vieille fille, mais le pire dans tout ça, c'est que je pense que je VEUX devenir vieille fille! C'est ça, fuyez-moi! Fuyez-moi pour que je puisse faire ma vie tranquille sans vous!
C'est pas de la mélancolie, c'est bon pour les gens qui n'ont pas de soucis la mélancolie. Moi c'est du mal-être, et ça fait 18 ans que ça dure. Sauf que personne le sait. Ma mère mise à part. J'ai jamais fait de crise d'ado, j'ai jamais eu de période "je-veux-me-suicider-parce-que-la-vie-c'est-trop-dur", parce que j'ai toujours été une vieille. "Oh, elle est mûre pour son âge" (à 4ans). "Oh, qu'set ce qu'elle est responsable, à son âge!" (à 10 ans). "Oh, 13 ans? J'ai cru que tu en avais 18?!" (véridique). "Je sais pas, je te donne 22, 23 ans" (à 18 ans). C'est ça, j'ai jamais eu mon âge ; j'ai toujours voulu être "grande". Et un jour, j'ai même plus eu le choix! Je fuis les gens de mon âge, parce qu'ils ne m'intéressent pas, avec leurs préoccupations. Heureusement qu'ils sont là, mais pas trop près de moi. Trop dur la vie, je peux pas sortir ; trop dur la vie, j'ai pas eu le dernier jean à la mode.. je leur ressemble pas! Moi je fais du point de croix et je me tricote mes bonnets, mais ça, si tu le dis, tu passes pour la dernière des ploucs. Et puis j'adore les vieux films, mais les gens que je suis obligée de cotoyer, ils connaissent que Scream. Et tout est comme ça. Moi, j'ai hâte d'être à la retraite pour pouvoir jardiner ; j'ai hâte d'être à la retraite pour lire ce que je veux ; j'ai hâte d'être à la retraite pour passer mes journées devant la télé, pour faire de la cuisine toute la journée, pour contempler mon chat et pour pleurer sur mes souvenirs.
Je suis une vieille ; sauf que la société, elle est pas faite pour les vieux !


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